FILIÈRE AOC-IGP Comment les Savoie gèrent leurs excédents de lait

Dans les Savoie, le maintien d'un prix du lait rémunérateur pour les produits sous signe de qualité passe par la régulation des volumes et le dégagement des laits excédentaires (14 millions de litres en 2010 sur environ 350 millions de litres produits). Un enjeu d'autant plus fort avec la fin des quotas et + 1 % de référence par an prévu d'ici là. Pour financer les pertes liées à l'écart entre le prix savoyard et celui du lait Spot, un système de prélèvements interprofessionnels relayé dans chaque coopérative avait été mis en place sur tous les laits. Les dégagements réalisés l'an passé ont ainsi été couverts aux deux tiers par des retenues linéaires payées par les producteurs( 1). Le reste par une contribution sur les derniers litres produits (80 €/1 000 l au-dessus de 103 % de la référence en dur, retenues instaurées dans le cadre du dispositif d'écrêtement du lait de printemps en reblochon). Par ailleurs, entre mai et décembre 2010, une retenue supplémentaire sur la paie du lait avait été créée conjoncturellement au titre de « la relance de marché » (10 €/1 000 l en reblochon, 3 €/1 000 l en zone IGP).

Une contribution pesant en priorité sur les derniers litres produits

Alors que l'interprofession savoyarde se prépare à pérenniser ses plans de dégagement, elle a souhaité sortir de ce système complexe pour s'orienter vers une contribution pesant en priorité sur les derniers litres. Dans « les tuyaux » depuis 2009, l'idée de coupler un prix A assez stable (valorisation du lait en AOP-IGP) à un prix B lié au marché du lait Spot, par définition très fluctuant, s'est concrétisée début 2011. Le prix A défini dans le cadre de l'interprofession(2) s'appliquera à la référence du producteur complétée par les attributions JA et plan d'investissement. Le prix B (prix A - 80 €/1 000 l en zone IGP tomme-emmental et - 150 €/1 000 l en zone AOP reblochon) rémunérera les volumes liés aux allocations provisoires, à la confortation nationale, aux dépassements et au forfait national petits producteurs. « Ce nouveau système responsabilise les producteurs et leur laisse le choix de produire ou non ce lait », soulignent Maurice Petit-Roulet et Jean-Pierre Rassat, présidents des deux FDCL de Haute-Savoie et de Savoie en cours de rapprochement.

En zone IGP tomme et emmental de Savoie où, depuis trois ans, l'accroissement de la production est le plus marqué, un prélèvement linéaire de 5 € a été maintenu. Il servira à financer des opérations de communication et d'accompagnement de nouveaux produits. En zone AOP reblochon, le dispositif d'écrêtement de lait de printemps est conservé mais décalé sur avril-mai-juin au lieu de mars-avril-mai.

Provisoire, ce système doit être renforcé d'ici à 2012. Le prix B ne serait plus défini a priori, mais payé mensuellement selon la valorisation réelle du lait Spot. Le volume A, correspondant au potentiel de marché de chacune des zones d'appellation, doit également pouvoir s'ajuster en cours de campagne. Reste à savoir comment sera défini son périmètre lié à la dynamique individuelle des entreprises… un vrai défi

ANNE BRÉHIER

(1) 5 €/1 000 l en IGP tomme/emmental de Savoie, 7 € pour l'AOP reblochon (+ 2,70 € restant de l'écrêtement du lait de printemps 2009). (2) 364 €/1 000 l, complétés d'une variable coopérative selon la zone d'appellation et les primes qualité.